Le projet de minéroduc (ou slurry pipeline) assurant prochainement le transport de toute la production en phosphate de Khouribga vers le site de Jorf Lasfer ne semble pas inquiéter l’administration du port de Casablanca. Selon un responsable de l’Agence nationale des ports (ANP), l’arrêt de l’exportation du phosphate brut via le port casablancais n’aura aucun incident sur le trafic portuaire ou les recettes.
En effet, l’administration compte développer d’autres activités (céréalières et minières). « Notre plan stratégique a déjà anticipé cette situation, et du coup, on a pensé à des activités de rechange. Mieux, le trafic est si intense au sein du port, qu’on a besoin de nouveaux postes d’accostage pour éviter la saturation. En effet, un port doit fonctionner uniquement aux deux-tiers et laisser un tiers inoccupé », nous a expliqué une source de l’ANP en marge du point de presse du Centenaire du port de Casablanca tenu hier à la métropole.
Le port de Casablanca traite habituellement un trafic entre 24 et 26 millions de tonnes par an, soit à peu près 33 à 35% du trafic portuaire national. Ses trois terminaux à conteneurs lui permettent de traiter potentiellement un trafic de 1.600.000 EVP. Ses deux installations spécialisées lui confèrent une capacité annuelle d’environ 4 millions de tonnes de céréales. Mieux encore, il peut assurer par rapport au trafic national près de 86% des conteneurs, 60% du conventionnel (53% du bois et 78% du fer) et 63% des céréales.
Donc, la situation du port est complétement différente de celle de l’ONCF car la construction du pipeline de transport des phosphates privera l’Office de la majeure partie de son chiffre d’affaires annuel puisque le transport de ce minerai représente la moitié de son chiffre d’affaires (1,5 milliard de DH).
La mise en service du nouveau pipeline mettra donc en danger les équilibres financiers de l’Office et aura des impacts certains sur ses investissements futurs, puisque ses revenus vont baisser, d’où l’arrêt des projets d’extension du réseau ferroviaire, de modernisation des trains et d’amélioration des services.
« Notre situation diffère largement de celle de l’ONCF car notre stratégie se base sur le remplacement d’une activité par une autre », nous a assuré notre source.
Cette dernière nous a expliqué que le choix de l’activité céréalière n’a pas été dû au hasard. En effet, au terme de l’année 2011, les importations de céréales ont augmenté de 22% par rapport à 2011 qui a enregistré 5,6 millions de tonnes, soit +0,5% par rapport à l’année 2010. Ceci d’autant plus que le port de Casablanca concentre à lui seul plus de 75% du trafic global des céréales grâce à des investissements importants en capacités de stockage.
L’ANP a ainsi accordé au secteur privé, suite à des appels d’offres, des concessions pour la réalisation et l’exploitation de deux nouveaux terminaux céréaliers avec des capacités de stockage supplémentaires de 68.000 tonnes.
Ces nouvelles installations ont permis une nette amélioration des performances de traitement des navires céréaliers et induit un saut qualitatif dans les conditions de transit des céréales, apportant aux importateurs des gains substantiels en termes de coût de fret (réduction du délai de séjour à quai et amélioration des cadences de débarquement).
Les cadences nominales de déchargement depuis la mise en service en 2009 des terminaux spécialisés au port de Casablanca sont de 1.200 T/H avec une durée de séjour à poste de moins de 4 jours contre une moyenne de 10 à 12 jours dans les postes banalisés.
Hassan Bentaleb, Libération (http://www.libe.ma/Le-port-de-Casablanca-vire-les-phosphates_a36790.html)