Le ministre du Tourisme, Lahcen Haddad, a tenu lundi dernier une réunion au siège de la wilaya de la région Souss-Massa-Drâa consacrée au tourisme à Agadir. C’est le deuxième ministre du gouvernement Benkirane après le ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur Charki Draïss à s’être déplacé dans la capitale du Souss-Massa-Drâa. Il est à noter que les représentants de toutes les parties concernées ont été conviées à cette réunion : CRT, RDTR, CPT, hôteliers, agents de voyages, restaurateurs, guides et accompagnateurs de touristes, jeunes promoteurs, prestataires de services, élus,…
Lors de cette réunion, Abderrahim Oummani, président du Conseil régional du tourisme d’Agadir-Souss-Massa-Drâa, a fait un exposé de la situation actuelle du tourisme dans la ville et la région qui compte une capacité totale de 16.999 chambres réparties comme suit : Agadir 11.883 (69,90%), Ouarzazate 3165 (18,62%), Zagora 800 (4,71%, Taroudant 406 (2,39%, Tiznit 382 (2,25%) Inezgane-Aït Melloul 282 (1,66%), Chtouka Aït Baha 81 (0,48%).
Le tourisme à Agadir, c’est donc une capacité hôtelière est de 27.000 lits environ, 780.000 clients, 4.300.000 nuitées, 80.000 emplois et 6 milliards de dirhams de recettes.
Le nombre des arrivées, en 2011, a atteint 1.082.121 (71,99% à Agadir), et 4.564.784 nuitées (89,26% à Agadir).
Durant l’année 2011, on a eu deux périodes : 1er janvier au 30 avril et 1er mai au 31 décembre. Lors de la 1ère période, les arrivées ont augmenté de 19,87%, soit 255.349 touristes par rapport à l’année 2010 où l’on a enregistré 213.016 touristes. Les nuitées ont connu également une augmentation de 18,17%, soit 1.386.490 contre 1.173.274 nuitées en 2010.
Le taux d’occupation est passé de 45% pendant les quatre premiers mois de l’année 2010 à 54% en 2011 pour la même période, soit une augmentation de 20,14%. A titre indicatif, le marché polonais a connu une augmentation de 141% pour les arrivées et 140% pour les nuitées, le marché scandinave respectivement 115% et 86%, le marché national 62% et 82%, le marché saoudien 49% et 47%. En revanche, on a enregistré une baisse du marché russe de 29% pour les arrivées et 20% pour les nuitées.
Mais après cette embellie, l’activité touristique a été plutôt morose lors de la deuxième période allant du 1er mai au 31 décembre 2011. En effet, la demande extérieure a connu une baisse pour les raisons suivantes: prédominance des stations concurrentes, agressivité promotionnelle de certaines stations sur les marchés émetteurs, attentisme et scepticisme dans les pays émetteurs, absence de communication pendant une longue période pour rassurer les marchés, politique de prise de risque au niveau de l’aérien par les concurrents directs de la station, effets négatifs du Printemps arabe, impact de l’attentat terroriste de Marrakech, effet de la crise économique et financière que connaît le monde et en particulier les voisins européens, suppression de plusieurs lignes aériennes point à point creusant ainsi le déficit d’arrivées et favorisant l’isolement de la station.
L’année 2011 s’est donc terminée sur une baisse des arrivées de l’ordre de 0,93% dans les établissements classés, passant de 786.307 en 2010 à 779.004 douze mois plus tard.
Les nuitées ont aussi enregistré une baisse de l’ordre de 6,95%, passant de 4.378.655 en 2010 à 4.074.361 en 2011.
Durant l’année 2011, le taux d’occupation moyen des hôtels classés de la ville d’Agadir a enregistré une baisse de 6,89%, soit 50,73% alors qu’il était de 54,48% en 2010.
Une baisse importante de certains marchés traditionnels a été relevée: russe (arrivées -52%; nuitées -55%), italien (arrivées -22%; nuitées -27%), anglais (arrivées -14%; nuitées -14%); hollandais (arrivées -14%; nuitées -2%), français (arrivées -13%; nuitées -14%).
Et pourtant, la destination Agadir a plusieurs atouts à faire valoir : climat (le printemps éternel), proximité des principaux aéroports des pays émetteurs, plages, golf, bien-être, culture riche, arrière–pays fabuleux…
Par ailleurs, le produit urbain a connu une grande évolution durant les cinq dernières années : amélioration des infrastructures routières et de circulation urbaine, mise en service de la Marina, élaboration de la Charte graphique de la ville et création d’un mobilier urbain propre à la ville, désenclavement terrestre avec l’ouverture de l’autoroute Marrakech-Agadir, ouverture de nouveaux établissements modernes répondant aux exigences des marchés émetteurs, rénovation totale ou partielle de certains hôtels, aménagement du front de mer, mise à niveau du réseau des voieries, ouverture et électrification de la double voie desservant l’aéroport, aménagement de giratoires pour une meilleure fluidité de la circulation en ville.
Malgré tous ses atouts, la destination a encore certaines faiblesses: carence des vols point à point à destination d’Agadir, promotion insuffisante, manque d’animation et de lieux d’attraction (parcs de jeux, aquaparcs…), vétusté d’une partie de la capacité hôtelière, capacité hôtelière encore insuffisance.
Mais la diminution de la clientèle en provenance de certains pays émetteurs est due aux problèmes du transport aérien. En effet, durant l’année 2011, Agadir a perdu 15 vols réguliers ou charters la reliant à des villes européennes sans escale.
La relance de cette destination passe donc impérativement par la mobilisation de tous : ministère du Tourisme, ONMT, élus, autorités locales, professionnels regroupés au sein du CRT et tous les acteurs du tourisme, sans oublier la population locale. D’ailleurs, tous les représentants des différentes corporations qui ont pris la parole lors de cette réunion se sont engagés à fournir les efforts nécessaires en vue de surmonter les difficultés auxquelles est confronté le secteur dans la ville.
Pour sa part, le ministre, dont cette première visite n’est qu’un début, a exprimé sa ferme volonté d’œuvrer en parfaite synergie avec les professionnels, les élus et les autorités locales à la résolution des problèmes posés et que les intéressés n’ont pas manqué de soulever sans ambages y compris ceux concernant la station de Taghazout, Founty, et Aghroud.
A l’issue de la réunion, le ministre nous a déclaré : « Lors de cette réunion, nous avons examiné tous les problèmes concernant le secteur à Agadir. Nous avons également soulevé des questions concernant l’investissement et la station de Taghazout qui constituera un projet structurant pour Agadir. J’ai aussi dit aux professionnels et aux élus ce que nous faisons à Taghazout où les travaux ont commencé. Le gouvernement et le ministère attachent de l’importance à ce que le premier hôtel soit ouvert à Taghazout en 2014 ou 2015. Donc, les travaux ont commencé, et les problèmes posés ont été surmontés. C’est un projet structurant qui sera bénéfique pour les populations d’Agadir et de Taghazout. »
Interrogé à ce propos, le président du CRT nous a dit : « En 2011, nous avons terminé avec une diminution de 01% en arrivées et de 6% en nuitées. Par ailleurs, nous pouvons dire qu’il y avait deux périodes en 2011 : une première période allant du 1er janvier à fin avril où l’on a enregistré plus de 20% et une deuxième qui s’étend du 1er mai à fin décembre où l’on a enregistré une baisse de 16%. Cette baisse est due essentiellement à la crise économique, financière et sociale qui sévit dans les pays émetteurs, au Printemps arabe et à l’attentat d’Argana à Marrakaech qui a eu malheureusement un impact très négatif. C’est pour cela que nous avons préconisé un plan d’action en deux volets : promotion, communication et transport aérien pour un budget de 689 millions de dirhams étalé sur trois ans et qui peut engendrer une recette supplémentaire de 4,2 milliards de dirhams. Si nous ne faisons rien, en cette année difficile où l’on pourra faire -1%, on aura sûrement une diminution de recettes de l’ordre de l’ordre de 1,2 milliard de dirhams avec un impact sur l’emploi. »
Libération (http://www.libe.ma/Tourisme-a-Agadir-Apres-l-embellie-la-morosite_a25375.html)