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Actualités à إفران

Entretien Avec Zahra El Basri Naqrachi, écrivaine

الأحد ١٥ أبريل ٢٠١٢

- C’est une femme pas comme les autres. Zahra El Basri Naqrachi est une écrivaine autodidacte qui a su, grâce à sa volonté et sa force de caractère, rester fidèle à sa passion, la lecture. Son don pour l’écriture, elle ne l’a découvert que depuis quelques années grâce à l’encouragement de ses proches. - Agée aujourd’hui de 72 ans, cette mère de 4 enfants continue de faire ce qu’elle aime le plus, s’imprégner chaque jour de l’univers envoûtant de la littérature.

Entretien Avec Zahra El Basri Naqrachi, écrivaine



Le Matin : Comment est née votre passion pour la littérature ?



-* Zahra El Basri Naqrachi : Ma passion pour la littérature est née depuis mon plus jeune âge, au moment où je suivais mes études primaires à Rabat, à l’institution Guessous. Durant cette période, j’étais en internat où nous avions à notre disposition une bibliothèque. Je passais tout mon temps libre dans cette bibliothèque, lisant toutes sortes de livres et de romans, notamment ceux de Colette, qui était ma romancière préférée.



Auteure autodidacte, vous avez franchi plusieurs obstacles avant de passer à l’écriture. Racontez-nous un peu votre parcours ?



-* Je me suis mariée à l’âge de 15 ans, donc malheureusement, je n’ai pas pu terminer mes études. En fait, mon père insistait pour que je termine mes études avant de me marier, mais des pressions familiales ont fini par le dissuader. Après mon mariage, j’ai vécu avec mon mari, un ancien de l’armée française, qui a intégré ensuite l’armée marocaine, à Bengurir. Quelques années plus tard, mon mari a été muté à Ifrane. Nous nous sommes donc installés à Ifrane, où mon mari s’est procuré plusieurs commerces, en plus d’une bibliothèque dont il m’a confié la gestion. Et c’était vraiment le meilleur cadeau qu’il ait pu m’offrir. En fait, c’était en quelque sorte, comme s’il a décroché la lune et me l’a offerte. Ensuite, c’est en passant la majorité de mon temps dans cette bibliothèque entre les livres que j’ai pu assouvir ma passion pour la lecture, que j’avais depuis mon plus jeune âge. Néanmoins, l’idée d’écrire un livre ne m’a jamais effleuré l’esprit. Il y a quelques années, cependant, une de mes amies, m’a proposé de tenter l’expérience et d’écrire. En cette même période, j’avais lu les romans « La couleur pourpre » d’Alice Walker et « Les raisins de la colère » de John Steinbeck qui m’ont véritablement inspirée et marquée. Ainsi, avec l’encouragement de mes proches, j’ai décidé de franchir le pas et de passer de l’étape de consommation des produits littéraires à celle de production. C’est là que j’ai pris ma plume et que j’ai commencé à écrire mon 1er roman « Un Riad à Marrakech », sorti en 2000.

Vous êtes auteure de trois romans. Quelles sont vos sources d’inspiration dans vos écrits ?



-* Pour chacun de mes romans, j’ai eu une source d’inspiration distincte. Pour ce qui est de mon 1er roman « Un Riad à Marrakech », je me suis inspiré des différentes traditions marocaines. A travers le regard d’une petite fille marocaine habitant dans un Riad, j’ai essayé de faire une description complète des rituels, cérémonies et coutumes du Maroc. Pour mon 2e roman « Amour lapidé », je me suis inspirée d’une histoire que ma mère me racontait tous les soirs quand j’étais petite. Il s’agit, en effet, de l’histoire racontée par le grand artiste marocain, Abdelwahab Doukkali dans sa chanson « Kan Ya Makan ». C’est une tragédie qui raconte l’histoire de deux amoureux trahis par les forces du mal et qui plonge dans l’ancien temps où l’écart des usages matrimoniaux était puni de mort et le déshonneur d’exclusion. Quant à mon 3e roman « Ifrane, Merveille du Moyen Atlas », je me suis inspirée pour l’écrire, de l’histoire ancienne et récente de la ville d’Ifrane.

Est-ce que votre dernier roman « Ifrane, Merveille du Moyen Atlas », peut être considéré comme un hommage à Ifrane, la ville qui vous a tant marquée ?



-* Tout à fait. J’aime beaucoup Ifrane, où je réside depuis 1957. Chaque coin de cette ville est témoin de mes plus beaux succès et de mes plus fortes émotions. C’est dans cette ville que j’ai vécu les meilleurs moments de ma vie, concrétisé mes rêves et fait mes premiers pas en tant qu’écrivaine. C’est pour cette raison que j’ai voulu dédier mon 3e roman à Ifrane, une ville qui m’a beaucoup apporté, en tant que personne et en tant qu’écrivaine.

Quel regard portez-vous sur la situation actuelle de la femme marocaine ?



-* Nombreuses sont les femmes marocaines qui souffrent de l’ignorance et qui se retrouvent en conséquence en retrait par rapport à ce qui se passe autour d’elles. Dans ce sens, la meilleure solution à mon avis, consiste à inciter et à encourager les femmes marocaines à lire pour qu’elles sortent de l’ignorance et assurent par conséquent leur rôle en tant que citoyennes actives et dynamiques conscientes des changements qui surviennent dans leur environnement et capables de participer au développement de leur pays.



Un parcours d’exception



Née en 1940, Zahra El Basri Naqrachi, est une écrivaine autodidacte qui a écrit un premier roman en 2000, intitulé « une enfance dans un Riad à Marrakech », avant de sortir un second roman « Amour lapidé » en 2004. En 2012, elle sort son 3e roman « Ifrane, merveille du Moyen Atlas ». Elle s’est par ailleurs illustrée dans l’actualité pour son parcours exceptionnel récompensé en 2009 par le trophée Khmissa dans la catégorie «Parcours d’exception ».

Source :

Afaf Razouki, Le Matin (http://www.lematin.ma/journal/Entretien-Avec-Zahra-El-Basri-Naqrachi-ecrivaine_Je--dedie-mon-3e-roman-a-Ifrane-qui-m-a-beaucoup-apporte/165323.html)

Afaf Razouki, Le Matin
Le Matin (anciennement nommé Le Matin du Sahara et du Maghreb) est un quotidien marocain publié en français, présentant des actualités nationales et internationales ainsi que des informations pratiques. C'est le journal officieux du palais royal marocain.

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