Le président de l’Université Mohamed V- Agdal, Wael Benjelloun, a dressé, mercredi dernier, le bilan de son établissement. Il a tenu à faire ressortir la problématique du déséquilibre entre l’augmentation du nombre des étudiants et le départ massif à la retraite du corps enseignant et du personnel.
L'Université Mohammed V de l'Agdal termine l'année 2012-2013 sur un bilan satisfaisant. Ses résultats sont le signe d'une bonne performance à tous les niveaux d'intervention de l'université. En attestent les données présentées par Wael Benjelloun, président de l'Université, qui s'est réuni avec la presse, la semaine dernière, afin de dresser le bilan de son établissement. L'Université s'est trouvée dans un mouvement de massification, vu l'effectif grandissant des inscrits dans les trois facultés relevant de l'UM5A (Faculté des sciences, Faculté des Lettres et des sciences humaines et Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales). Le nombre des nouveaux inscrits dans les Facultés de droit et des lettres a grimpé de 6 763 à 10 056 étudiants. Alors que le nombre total des étudiants inscrits dans les différentes institutions relevant de l'Université est passé de 27 201 à 32 693 étudiants. L'afflux massif des étudiants pose ainsi un véritable défi aux responsables de l'Université, car dans le même temps, il y a un départ, aussi massif, à la retraite des enseignants chercheurs : une moyenne annuelle de 80 départs. «L'Université perdra, ainsi, près de la moitié de ses enseignants d'ici 2020», a indiqué Wael Benjelloun. Sur les 1 129 professeurs que compte le corps enseignant en 2013, 453 partiront à la retraite d'ici 2020. Et c'est la Faculté des sciences qui sera la plus impactée par ces départs.
Le départ à la retraite du personnel administratif et technique n'est pas en reste. Sur 961 postes, l'UM5A en a perdu 60 en 2012 et 69 en 2013, selon son président. Ce dernier a été on ne peut plus clair en affirmant que «l'Université se trouve impuissante face à cette situation, surtout en l'absence de création de postes administratifs durant 3 années successives». En tout cas, la présidence de l'université a quelques pistes à explorer afin de gérer cette situation. Wael Benjelloun prône, ainsi, le décloisonnement de l'Université, comme méthode pour affronter cette problématique, surtout dans un monde qui ne cesse de changer grâce au développement des technologies. «À l'avenir, ce développement pourra jouer en faveur de l'utilisation de l'enseignement à distance et de l'enseignement autogéré par l'étudiant. Ce qui diminuera la charge pour l'enseignant», avait noté Wael Benjelloun.
Déjà, l'Université a lancé, avec l'Université de Montréal, une étude de faisabilité pour le recours à l'expérimentation assistée par ordinateur (EXAO), dont l'objectif est de mieux faire face aux besoins en travaux pratiques. Au moins, pour la prochaine année universitaire 2013-2014, Wael Benjelloun reste confiant : «vu le nombre des candidats au bac de juin 2013, nous pensons pouvoir faire face à la demande de la prochaine année universitaire dans des conditions pédagogiquement correctes», a-t-il noté, grâce à des démarches adoptées par l'Université comme l'écoute, la communication, l'implication des étudiants. Tout cela a contribué, malgré la massification, à l'instauration d'un climat serein au sein des établissements. Quant à l'offre pédagogique de l'Université, elle a connu une augmentation sensible. Celle-ci a été notamment orientée vers le marché de l'emploi, avec l'ouverture de 8 nouvelles licences professionnelles et 3 masters spécialisés, en plus des 7 nouveaux masters de recherche. Le lancement d'une licence en langue et cultures chinoises était également au menu. La recherche est l'autre cheval de bataille de l'Université. Ce volet a connu «une évolution intéressante en 2012-2013, permettant à l'Université de bénéficier de davantage de visibilité sur le plan international», selon Wael Benjelloun. Ainsi, le budget consacré à la formation continue et à la mobilité est passé de 5 millions en 2012 à 8,5 millions de DH en 2013.
Une mesure qui vient s'ajouter à la mise en place d'un programme d'incitation à la publication. D'ailleurs, le nombre de publications internationales indexées est passé de 93 en 2009 à 287 en 2012, selon la base de données internationale de la recherche Scopus. Quant à l'«International College and Universities», il a classé l'UM5A au vingtième rang en Afrique et au deuxième en Afrique du Nord. Et ce, grâce à la visibilité dont elle dispose sur le web.
Outre le défi du personnel et du corps enseignant, l’Université devra relever le défi du budget au cours de l’année prochaine afin de répondre aux besoins de constructions et d’équipement des établissements. D’autant plus qu’elle compte lancer, en 2014, les contrats d’équipement du site Tamesna qui abritera un pôle technologique d’enseignement et de recherche, ainsi que les contrats de la Cité de l’innovation à Madinat Al Irfane et le Musée des sciences aux orangers. Il convient de rappeler que l’UM5A a souffert d’une insuffisance du budget d’investissement au cours de cette année, ce qui a généré une révision des objectifs à la baisse.
-* Le nombre des nouveaux inscrits dans les Facultés de droit et des lettres est passé de 6 763 à 10 056 étudiants.
-* Le nombre total des étudiants inscrits dans les différentes institutions relevant de l’Université est passé de 27 201 à 32 693.
Soumaya Bencherki, Le Matin (http://www.lematin.ma/journal/Universite-Mohammed-V-Agdal_Plus-d-etudiants-et-moins-d-enseignants/184827.html)