Issues de milieux différents, instruites, intellectuelles ou simples citoyennes avec des parcours professionnels variés, beaucoup de femmes à Fès apportent leur pierre à l’édifice de l’histoire du Royaume, grâce à leur engagement et à leur mobilisation pour un Maroc meilleur.
Présidente de l’association féminine Al Ahd Al Jadid d’artisanat et des travaux manuels, Najia Tawil a réussi à changer le quotidien de beaucoup de femmes à Fès en leur assurant un revenu stable et une indépendance financière. Avec peu de moyens mais un cœur en or et une volonté d’acier, cette enseignante dans le préscolaire, passionnée d’artisanat, a regroupé en 2005 ses voisines, pour la plupart des femmes au foyer en situation économique difficile, dans le cadre d’une association. Ces femmes ont appris la couture, la broderie, et le tissage et ont pu grâce à l’appui de l’INDH par la suite, accéder aux moyens financiers et techniques nécessaires à leur développement. « Mon but est d’aider les femmes en situation difficile à avoir un revenu stable, en leur procurant le savoir-faire, puis les laisser voler de leurs propres ailes », précise-t-elle. Aujourd’hui, entre l’association, campagnes de don de sang, visites aux hôpitaux et aux maisons de bienfaisance et aussi lutte contre l’analphabétisme, Najia Tawil a fait avec conviction le choix d’être au service des autres.
Fondatrice en 1998 de l’Initiatives pour la protection des droits des femmes, à Fès, Asmaa Al Mahdi travaille depuis des années sur plusieurs fronts afin de venir en aide aux femmes victimes de violences basées sur le genre. Cette mère de trois enfants, professeur de littérature française à l’Ecole normale de Fès, multiplie les actions et les interventions auprès des responsables et organismes internationaux pour défendre la condition de la femme. Pour elle, la tradition, l’ignorance et aussi les textes de loi désuets sont à l’origine des discriminations à l’égard des femmes. « Depuis quelques années, il y a des avancées certaines en matière d’amélioration de la condition de la femme au Maroc et c’est d’ailleurs grâce à une volonté royale clairement affichée. On espère que l’actuel gouvernement veillera à activer les réformes juridiques et à mieux adapter les lois », confie-t-elle. En attendant, Asmaa El Mehdi travaille avec d’autres militantes au sein du Centre multifonctionnel Batha pour l’autonomisation des femmes en détresse.
Confiante et sûre d’elle, Rachida Hlimi est présidente du Tribunal de première instance de Sefrou. C’est une femme d’exception. Elle est présente dans la magistrature depuis 1997, année qui a vu sa désignation en tant que juge au Tribunal de première instance de Fès. En 2004, elle est nommée juge au Tribunal de la famille à Fès et élue représentante des juges à l’Amicale Hassania des magistrats. En mai 2011, elle est nommée à la tête du Tribunal de première instance de Sefrou. « La femme juge occupe une place de choix au Maroc, premier pays arabe à voir une femme nommée juge en 1962. Aujourd’hui, les femmes juges représentent 26 % du corps de la magistrature au Maroc et occupent les mêmes fonctions que leurs collègues masculins », commente-t-elle. Elle précise par ailleurs que grâce à la Moudawana, il y a eu de nombreuses avancées en matière de protection des droits des femmes, mais elle déplore le fait que de nombreuses failles existent encore dans l’application de ce texte législatif.
Secrétaire générale de Dar Al Atfal Al Ouafae, Nawal Benkirane s’est engagé depuis quelques années, corps et âme, dans un combat pour une vie meilleure des enfants abandonnés. « Notre association a, à sa tête, une grande militante en la personne de Nadia Bennis. Elle prend en charge près de 136 pensionnaires âgés à partir de trois ans, qui sont encadrés par 26 éducatrices. Nous tenons à améliorer leurs conditions de vie et leur assurer un quotidien meilleur », indique-t-elle. Nawal Benkirane est mère de trois enfants et est étudiante doctorante en littérature française. Elle milite dans des rencontres et campagnes de sensibilisation pour que le regard de la société change sur les enfants abandonnés.
Elle a un sourire avenant qui ne quitte jamais ses lèvres. Fatima Bennani Hasnaoui est une femme-chef d’entreprise qui n’a pas peur des défis. Tôt déterminée à réussir sa carrière professionnelle, elle s’est convertie du secteur public au privé sans difficulté. D’abord, administratrice en santé publique, ensuite enseignante en relations internationales à l’université, elle a intégré enfin le domaine de l’entrepreneuriat en prenant en charge les commandes d’une entreprise opérant dans l’industrie laitière. « J’avais la lourde tâche de redresser une entreprise en difficultés structurelles. Pour y parvenir, j’ai mis en place avec mon équipe plusieurs stratégies et plans de mise à niveau. Heureusement, mes efforts ont abouti et mon entreprise est actuellement viable et performante », explique-t-elle. Fatima Hasnaoui a milité depuis quelques années pour le projet d’incubateur Fès-Pionnière. Initié par la section de Fès de l’Association des femmes entrepreneures du Maroc (AFEM) dont elle est secrétaire générale, ce projet permet aujourd’hui à de nombreuses femmes de créer leurs propres entreprises et d’investir confiantes le monde des affaires.