La gestion financière du président de l’arrondissement de Yaâcoub El Mansour Hakim Benchemach est pointée du doigt par les élus locaux du PJD. Contacté par le «Matin», ce responsable local réfute toutes les accusations.
Le bras de fer entre le PAM et le PJD est toujours au rendez-vous. L'affrontement entre les deux partis au Parlement a atterri, cette fois-ci, au conseil d'arrondissement de Yaâcoub Al Mansour, dont la présidence est assurée par Hakim Benchemach. Le secrétariat local du PJD a récemment publié un communiqué, à travers lequel il dénonce ce qu'il considère être des irrégularités de la gestion de l'arrondissement par son président. Concrètement, les Pijidistes ont fortement pointé du doigt Hakim Benchemach, qui d'après eux, n'a concrétisé aucune des promesses faites à la population de la commune. Et pour cause, «il méconnaît la particularité de l'arrondissement y compris ses besoins prioritaires», avance le communiqué. Sur ce volet, les élus du PJD ont été fermes. «Le président de l'arrondissement ne dispose d'aucune compétence en matière de gestion lui permettant d'occuper ce poste et d'exercer les missions qui en découlent, en particulier, la mise en place d'une vision globale pour le développement local», lit-on dans le communiqué.
Concrètement, l'avalanche de critiques a notamment concerné la gestion financière de l'arrondissement, qui aux yeux des élus du PJD, serait irresponsable et manquerait de transparence. Dans cet ordre d'idées, ils avancent l'anarchie caractérisant les dépenses, surtout que celles-ci demeurent sans effet sur le terrain. Le volume des dépenses dépasse de loin les maigres réalisations qui ne répondent pas aux attentes de la population, indique la même source. En outre, les Pijidistes ont aussi épinglé Hakim Benchemach ce qu'ils pensent être son incapacité de mettre en œuvre une approche participative entre les composantes du conseil de l'arrondissement. Pour eux, le président exclut l'opposition siégeant dans le conseil aussi bien au niveau des commissions que dans la préparation des programmes.
À la lumière de ce constat, le secrétariat local du PJD appelle le ministère de l'Intérieur à procéder à l'audit du compte administratif de l'arrondissement au titre de 2012. Face à ces accusations, Hakim Benchemach adopte une attitude sereine. Contacté par le Matin, il a été catégorique. «Pour mettre en évidence toutes ces accusations, je leur demande d'apporter une seule preuve matérielle de ces irrégularités», a-t-il affirmé avant d'ajouter qu'il faut respecter la loi, en particulier, le sacro-saint principe voulant que la charge de la preuve incombe à celui qui se plaint.
Hakim Benchemach est allé encore plus loin. Il a mis tous les documents nécessaires (comptables et financiers) à la disposition de tous les élus du PJD, sauf que ces derniers avaient catégoriquement refusé de les saisir, toujours selon Benchemach. En tout cas, ce dernier défie les Pijidistes de pouvoir demander au ministère de l'Intérieur d'envoyer une équipe d'inspection à l'arrondissement ou de faire appel à la Cour régionale des Comptes. Hakim Benchemach reste convaincu que toutes les accusations faites à son encontre relèvent uniquement des surenchères politiques, qui se sont déplacées sur le terrain de l'arrondissement. «Les critiques du PJD sont vides de sens et l'ensemble des élus est témoins du degré extrême de la transparence en matière de gestion de l'arrondissement», a-t-il rétorqué en défiant le secrétariat local du Parti de la lampe de prouver le bien-fondé de toutes ses allégations.
Plusieurs projets ont été concrétisés au profit de la population de l'arrondissement. Ainsi, en partenariat avec les différents acteurs ( INDH, Conseil régional, ministère de la Jeunesse et des sports), il a été procédé à la mise en place de plusieurs complexes. Il s'agit entre autres du grand complexe social Al Amal, ayant été inauguré par le Souverain, le centre de lutte contre la toxicomanie ainsi que plusieurs terrains de proximité en faveur des jeunes.
Dès mon élection à la tête de l'arrondissement, le Conseil s'est penché sur l'organisation de deux journées d'étude en faisaient appel à toutes les composantes de l'arrondissement dont le tissu associatif, qui englobe près de 200 associations. L'objectif était d'établir un diagnostic qui nous servirait de base pour mener nos actions. Les recommandations issues de ce diagnostic étaient un référentiel de notre travail. Ainsi, parmi les priorités de l'arrondissement figurait l'éclairage public, qui constituait un grand souci pour la population. Ce problème d'éclairage nécessitait près de 9 millions de centimes juste pour la maintenance. Outre l'éclairage public, l‘arrondissement s'est également mobilisé pour la multiplication des espaces verts. La promotion des programmes culturels n'est pas en reste.
Le commerce informel au niveau de l'arrondissement est une affaire compliquée. Il reste lié à d'autres problèmes structurels notamment les bidonvilles. En effet, un pourcentage important de ces vendeurs est issu des bidonvilles. Donc les deux phénomènes sont liés l'un à l'autre. De plus, le rôle du conseil de l'arrondissement pour réglementer le secteur demeure très limité par rapport à la responsabilité des autorités. Celles-ci disposent des compétences requises pour intervenir dans ce domaine. Sauf que le manque de contrôle laisse les choses s'amplifier.
La dotation de l'arrondissement a été ramenée de 2 à 5 millions DH. Et ce, avec l'avènement de l'actuel maire de Rabat Fathallah Oulalou. Avant, l'arrondissement était puni politiquement à cause des différends entre son ancien président et l'ex-maire de la capitale. Au vu de la spécificité de l'arrondissement, notamment sa densité avec 290 000 habitants, la dotation octroyée reste largement insuffisante. Malgré cela, nous essayons de gérer les choses dans la limite du possible.
Soumaya Bencherki, Le Matin (http://www.lematin.ma/journal/Arrondissement-de-Yaacoub-Al-Mansour_La-polemique-enfle-autour-de-la-gestion-financiere/178129.html)