Plusieurs années après son lancement, le projet de Tamesna suscite toujours les débats. Cette fois-ci, le sujet a été remis sur le tapis par le groupe istiqlalien à la Chambre des conseillers, mardi dernier lors d'une séance de questions orales. Pas étonnant, puisque le dossier n'en finit pas de faire des mécontents. Outre l'insuffisance des infrastructures et les problèmes du transport, le groupe a pointé du doigt les retards accusés en matière de livraison des appartements.

Plusieurs familles supportent toujours les frais des loyers en attendant qu'on leur remette les clés des appartements qu'ils ont payés en monnaie sonnante et trébuchante. En réponse à ces doléances, Nabil Benabdellah, ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Politique de la ville, estime malgré tout que l'expérience de Tamesna est assez réussie. Il reconnait qu'il y a un «certain nombre de déséquilibres auxquels il faut remédier, sans oublier les avancées enregistrées». En ce qui concerne le retard des livraisons, le ministre a précisé que ce problème ne concerne en aucun cas les promoteurs nationaux. D'après lui, il s'agissait de deux sociétés étrangères. Et d'ajouter, «le ministère est intervenu pour résoudre ces litiges afin que la livraison des appartements se fasse dans les plus brefs délais». Mais pour l'instant, les habitants de Tamesna continuent de vivre un vrai calvaire en l'absence des infrastructures. Récemment, ils ont observé un sit-in devant le département de Nabil Benabdellah pour dénoncer l'absence quasi totale des infrastructures de base, l'insuffisance des équipements collectifs et des raccordements aux réseaux d'électricité, d'eau et d'assainissement, ainsi que les problèmes de mobilité urbaine liés au manque de moyens de transport public reliant la ville-satellite aux autres parties de l'agglomération de Rabat. En effet, les difficultés de transport restent le problème majeur qui plombe cette ville nouvelle. Un constat confirmé par un des habitants: «Nous vivons un véritable calvaire à cause de l'absence des infrastructures. Notamment, le transport. Ce problème se pose toujours malgré les discussions engagées avec les responsables, mais sans aucun résultat jusqu'à présent. Aujourd'hui, le problème de la mobilité s'accentue de plus en plus. Et ce sont les élèves et les étudiants qui en souffrent le plus».  Toujours au volet de la mobilité urbaine, les habitants de Tamesna pointent du doigt le retard enregistré dans la mise en place de la rocade reliant Rabat à Tamesna. Un projet qui enregistre un retard énorme alors qu'il demeure vital pour le développement de la ville aussi bien pour la mobilité des personnes que pour les activités économiques. Car, le succès de ce type de ville devrait être accompagné d'un décollage économique. Quant aux équipements publics, ils sont également le maillon faible. Les habitants de Tamesna se plaignent du manque des écoles, des établissements de la santé et de mosquée. Un résident souligne qu'«il est inconcevable qu'une ville d'une taille pareille ne soit pas dotée d'une mosquée pour accomplir la prière».  L'enclavement des habitants de Tamesna remet également sur le tapis la problématique de la sécurité. «Les familles s'inquiètent pour leurs enfants à cause de la multiplication des cas d'agression ciblant en particulier les filles», explique, angoissé, un des habitants.

En tout état de cause, le ministère de tutelle promet de pallier ces insuffisances. Il affirme avoir érigé en priorité la mise à niveau des villes nouvelles. D'après Amina Bouktab, inspecteur générale du ministère de tutelle, «actuellement, un comité ministériel spécial se penche sur un programme d'actions dont la priorité est accordée aux villes nouvelles et nous allons trouver des solutions à tous ses problèmes dans les brefs délais». Cette responsable a également relevé que la mise à niveau de Tamesna est non seulement l'affaire du ministère de l'Habitat, mais de l'ensemble des départements ministériels. Car, d'après elle, «les problèmes qui se posent aujourd'hui ont trait à plusieurs secteurs comme la santé, l'équipement, le transport et l'éducation». Une approche globale et multisectorielle doit être adoptée. Sans oublier l'importance des partenariats publics-privés pour faire des villes-satellites de véritables leviers de développement.

Jusqu’à aujourd’hui, l’expérience de la ville de Tamesna, censée représenter un modèle de réussite de la politique du gouvernement, n’a pas été réussie à tous les égards. La ville est plutôt assimilée à une cité-dortoir qu’à autre chose.

Pour sa mise à niveau, les responsables doivent penser aux moyens susceptibles de favoriser son attractivité. Et cela ne peut se faire qu’à travers la mise en place d’un réseau de transport aussi bien interne qu’externe. Il s’agit d’un prérequis incontournable si l’on veut contribuer à la cohésion sociale et promouvoir un cadre de vie intégré.

-* Sit-in des habitants de Tamesna pour dénoncer l’insuffisance des équipements collectifs

-* La Chambre des conseillers interpelle le ministre de tutelle

-* Le problème du transport arrive en tête des doléances exprimées

-* Un comité ministériel se penche sur le dossier des nouvelles villes.

Soumaya Bencherki, Le Matin (http://www.lematin.ma/journal/Ville-nouvelle-de-Tamesna_Les-habitants--reclament-un-meilleur-cadre-de-vie/167135.html)