Il est des initiatives qui méritent qu’on s’y attarde. L’équipe SIFE (Université Hassan II de Casablanca) et l’Association Kalimât (Ecole des Mines de Paris), ont initié voilà trois ans une action citoyenne et sociale contre l’abandon scolaire dans le village de Zawiat Sidi Boutaieb. Ils reviennent tout juste de leur dernière édition qui s’est déroulée du 18 au 22 avril.
Le décrochage scolaire ? Un mal qui ronge le Maroc. Beaucoup d’enfants arrêtent l’école après le primaire. En cause le plus souvent : la distance. Entre 15 et 20 km séparent le village du collège le plus proche à Youssoufia. Alors cette année les étudiants se sont mobilisés pour qu’un bus puisse effectuer le ramassage scolaire et permettre la poursuite des études. « Des négociations ont été engagées avec la Fondation OCP pour prendre en charge le salaire du chauffeur et les frais du véhicule. On est très positif », annonce Mohamed Barkaoui, président de GreenTIC qui supervise l’action. En bonne voie, le bus devrait être livré à la prochaine rentrée scolaire.
Autre nouveauté, le désir de « capitaliser » cette initiative afin que d’autres régions puissent en bénéficier. Pérennité. Les premières éditions constituent le socle de la troisième. Le village dans lequel viennent, et reviennent, les étudiants est toujours le même. Un lien fort s’y est tissé. Au départ, ils ont rénové l’école de Sbiate : repeindre, réparer les fuites d’eau et boucher les fissures. Suite à de simples améliorations, le taux d’absentéisme avait déjà régressé. Mais l’action ne s’arrête pas là. Pour convaincre les enfants de rester sur les bancs de l’école, plusieurs activités leur sont proposées : sport, éveil à l’art, aux sciences. « On leur explique pourquoi la lumière, d’une seule couleur à l’œil nu, devient un arc-en-ciel à travers l’eau », explique Loubna, volontaire depuis la première heure et doctorante en biologie. Sensibiliser les parents est capital : « Il faut passer par le dialogue, expliquer que le maintien à l’école sera bénéfique. Dans certaines familles, ça pose problème que les filles se déplacent hors du village jusqu’à Youssoufia», ajoute Loubna.
Parce qu’un bien ne vient pas tout seul, il faut agir sur plusieurs fronts. « Une caravane médicale a été mise en place en 2009 et permet à 1500 habitants de Sbiate et des environs de consulter un médecin. Certains n’ont jamais eu accès aux soins. Pour les cas plus compliqués, des rendez-vous sont pris afin qu’il y ait un suivi médical dans des structures équipées », avance M. Barkaoui.
Kalimât et SIFE entendent bien fructifier cette aventure humaine. Pour établir leur programme, les deux associations ont prospecté en amont : « Ils ont réalisé une étude à Sbiate et établi un questionnaire pour répertorier les besoins des habitants », souligne M. Barkaoui. A la lumière de partenariats récents initiés par de grands groupes, dont les chiffres d’affaires s’élèvent à plusieurs milliards de dirhams, on peut dire que cette action citoyenne n’a pas à rougir. Bien au contraire
Elodie Cabrera, Libération (http://www.libe.ma/3eme-edition-d-action-sociale-citoyenne-et-medicale-des-etudiants-a-Youssoufia-Favoriser-le-maintien-scolaire-en-milieu_a26871.html)